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hivernement chez les sauvages

incontestée. Le Soir regardait son élève avec autant d’orgueil que si le même sang eût coulé dans leurs veines. La Source aussi apprécia tendrement la valeur de ce frère amené dans la famille par le destin des batailles. Elle l’aima d’abord comme une petite fille qui éprouve le besoin d’être protégée ; mais l’amitié des fillettes, dans ces circonstances, n’est toujours qu’une chrysalide destinée à dérouler ses ailes lorsque fleurit le printemps : la jeune Indienne subit la transformation inévitable, et continua à aimer son camarade de jeux, sans s’inquiéter de ce que son affection avait changé d’enseigne, sachant bien que l’amour appelle l’amour. Cette enfant, la plus belle de la tribu, possédait une âme généreuse, un tempérament violent et une indomptable fierté. Aussi, n’avait-elle pas, à l’instar des autres filles de sa nation, effeuillé sa candeur d’adolescente dans les liaisons de libre coquetterie qu’autorisaient les mœurs de la forêt. Elle était restée pure. Dans la bourgade, on considérait La Source comme la fiancée de Le Carcois.

La société de ces deux personnages fut pour les Français un adoucissement. Non seulement ils réussirent, en un seul hiver, à apprendre très bien l’algonquin, mais encore, ils parvinrent à enseigner passablement le français au jeune chef.

Tous les jours, les quatre amis se réunissaient dans la cabane ou au dehors ; et comme Philippe s’était d’emblée arrogé le rôle du professeur, il se