Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/142

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saison n’est pas parfaitement sûre et l’originalité du pays n’y a rien perdu. Au bout de ces champs désolés, on trouve, tout à coup, une ville riche et bien construite.

On ne sait pas, au juste, combien de fois Catane a été dévastée. Elle le fut probablement à des époques très reculées. Le tremblement de terre de 1169 n’en laissa pas une pierre debout et quinze mille habitants périrent sous les ruines. Dans la fameuse éruption de 1669, elle fut enveloppée entre deux torrents de lave, d’un mille de largeur, qui en consumèrent une partie. Le terrain de la montagne s’abaissa d’une centaine de pieds et se releva au bout de deux heures, avec une forme nouvelle. Cette étrange convulsion n’atteignit que faiblement Catane et, d’ailleurs, le fleuve de lave s’arrêta, par miracle, devant les murs du couvent des Bénédictins. Un peintre calabrais, appelé Mignémi, a représenté ce phénomène, avec une grande fidélité, dans une fresque placée sur le mur de la sacristie du Dôme. Le mal n’était pas grand et on l’avait promptement réparé lorsque, en 1693, un nouveau tremblement de terre acheva la destruction de Catane en quelques minutes.

La ville nouvelle ne date que de 1713, vingt ans suffirent pour la reconstruire. Dans plusieurs quartiers, la lave-même a fourni des fondations très solides. Les rues sont larges et pavées en dalles et tout y a l’air neuf et riche, sauf quelques palais, lézardés avant l’âge, par le dernier tremblement de terre de 1819, car la ville n’en a pas fini avec son voisin. En regardant, de la place du Dôme, la pente rapide qui descend de l’Etna et qui semble faite exprès pour conduire la lave dans l’intérieur de Catane,