Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/157

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des étrangers, est l’oreille de Denis qui présente un phénomène d’acoustique très mystérieux pour les Grecs, mais facile à comprendre pour un innocent candidat à l’école Polytechnique. Le plus léger son parti du fond de cette caverne devient un grand bruit par la répercussion de tous les points de la voûte. Le gardien en renouvelle sans cesse l’expérience et vous régale de l’échelle ascendante des échos, depuis le froissement d’un morceau de papier, jusqu’à la détonation d’un pistolet qui ressemble à un coup de tonnerre. Il suffit d’avoir fréquenté la classe de mathématiques au collège pour reconnaître que la voûte est taillée en forme de parabole et que, par conséquent, tous les sons qui la frappent sont renvoyés en lignes droites, parallèlement à l’axe de la courbe. Denis s’amusait, dit-on, à écouter les soupirs et les monologues de ses prisonniers, d’une loge secrète découverte depuis peu. Quoique ses vers fussent mauvais, j’ai peine à croire que ce tyran rimeur et romanesque fût absolument méchant. Une partie de ces latomie appartient au marquis de Cassale qui en a fait des jardins charmants. Les papyrus y viennent avec la canne à sucre, préservés de la sécheresse et du vent par des remparts de rochers. Le reste dépend du couvent des Capucins et le jardin de ces heureux cénobites ne le cède que fort peu à ceux du marquis pour le luxe et la variété des plantes.

Jusqu’alors le seigneur anglais n’était pas encore persuadé que nous en eussions fini avec notre mauvais génie. Il fallait une bonne fortune inespérée pour lui rendre sa confiance en son étoile. Cette bonne fortune nous tomba tout à coup du ciel. Au milieu de l’ancienne ville, entre le théâtre grec et l’amphithéâtre