Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/163

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Celui qui aime véritablement à voyager se considère comme en partie de plaisir par cela-même qu’il voit du pays et, alors, il peut lui arriver d’être aussi satisfait de retomber dans l’isolement que de rencontrer de la compagnie ; c’est précisément ce que j’éprouvai lorsque tous mes Anglais furent partis de Catane. Ce qui augmentait ma résignation à supporter la solitude, c’était l’assurance d’avoir bientôt un Français aimable pour compagnon de voyage. Le comte de M…, attaché à l’ambassade de Naples, homme instruit et poète, m’avait annoncé, par lettre, qu’il viendrait me prendre pour aller avec moi jusqu’à Palerme. Pendant les trois jours que j’avais encore à attendre, je m’abandonnai à cette paresse méridionale qu’on respire avec l’air de ce beau pays et dont l’exemple des Napolitains m’avait appris à goûter le charme. Je passerais donc sur cette lacune pour achever le récit de mon excursion, si le hasard n’eût fait venir à ma connaissance une histoire populaire que je vous transmets, telle qu’on me l’a racontée sur le lieu même de la scène.

Dans toute la Sicile, on se sert beaucoup des ânes. On attache sa modeste monture dans la cour d’un