Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/245

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Je n’ai pu découvrir ce qui a déterminé leur préférence ; le pays m’a paru aride et peu séduisant. Il est, de plus, infesté par une grande quantité de reptiles ; la ville est laide, malpropre, irrégulière ; mais les vignes des environs ont le mérite de produire un vin que les lèvres d’un Français peuvent accepter, chose rare en Italie où l’on est voué aux potions noires et sucrées.

Les voyageurs ayant entendu la messe à Velletri, nous partons pour Albano où nous arrivons comme les cloches sonnent les vêpres. La population se rendait en foule aux églises, non pas avec l’empressement des Napolitains, mais dans un ordre parfait. Nous étions au dimanche et, ce jour-là, on voit le peu de costumes nationaux qui restent encore en Italie. C’est surtout dans les environs de Rome que les habitants ont eu le bon esprit de garder leurs modes. Toutes les femmes d’Albano portent le corsage rouge, la chemise plissée, les manches justes et le jupon blanc. Le costume est pour beaucoup dans la grande réputation de leur beauté. Elles se prélassent en marchant, la tête haute, les épaules effacées, avec un air digne qui sied à leurs traits réguliers et sévères. En allant à l’église, le livre sous le bras, d’un pas grave et lent, elles semblent improviser un tableau de procession.

Depuis Velletri, deux chevaux étant boiteux et le troisième attaqué du tétanos, nous nous cotisons pour prendre la poste. A la sortie d’Albano, la route tourne brusquement sous une avenue d’arbres, on descend une côte rapide et, tout à coup, nous découvrons la vaste plaine au bout de laquelle paraît le dôme de Saint-Pierre.