Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/249

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Le lendemain, à huit heures du matin, je déjeunais au Café-Grec au milieu d’une bande d’artistes ; car la ville des Césars est le rendez-vous de tout ce qui manie le pinceau en Europe. Les gouvernements d’Allemagne et d’Angleterre envoient quelques pensionnaires ; la France, seule, possède une académie organisée, dont le siège est au palais Médicis. Des amateurs viennent aussi s’installer à Rome, pour y étudier. Que d’illusions, dans ces jeunes têtes ! Comment ne pas se croire appelé à illustrer son nom parmi cette cohue de chefs-d’œuvre, si serrée qu’on en met jusque dans les antichambres ? Le génie a, jadis, couru les rues à Rome ; n’en reste-t-il donc plus ? Pourquoi vous ou moi, nous tous, ne ferions-nous pas des tableaux admirables ? En vérité, je n’en vois pas la raison. On dresse des échafaudages, on copie, on étudie, on essaye. Cette ardeur est noble et cette ambition respectable ; mais, hélas ! Un jour arrive où on comprend, enfin, que le don de la peinture ne se ramasse point, même sur les pavés de Rome. En attendant qu’ils deviennent des maîtres,