Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/30

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On se croisait, à Naples, dans une caverne de brigands, si l’on n’avait affaire qu’aux aubergistes, aux facchini et aux domestiques, gens corrompus et menteurs, qui vivent aux dépens de l’étranger.

L’hôtelier napolitain ne rougira pas de vous céder pour trois carlins ce dont il vous avait demandé deux piastres. Ne craignez pas qu’on vous fasse remarquer une erreur à votre préjudice sur le payement d’un compte. Ne demandez jamais à un cocher ce que vous lui devez ; il vous dira la plus grosse somme que son imagination de fiacre puisse concevoir et il se moquera de vous si vous avez la faiblesse de la lui donner. Le raisonnement du Napolitain est celui-ci : « voilà un homme qui possède des piastres et moi je n’en ai pas ». Il faut les faire passer de sa poche dans la mienne dans le plus grand nombre possible et sans tarder, car demain cet argent serait peut-être ailleurs ». Le marchand, l’hôtelier, le faccino, n’en font pas d’autres. En France, on raisonne différemment et on a plus de prévoyance : « il vaut mieux, se dit-on, voler dix fouis quarante sous à une même personne sans qu’elle s’en doute, que de lui voler