Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/314

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Tommasina, l’avait vu passer devant la madone sans ôter son chapeau, que les assiettes cassées, les chutes des enfants, les mauvaises récoltes et tous les malheurs de la famille venaient de cet être maudit. Elle termina sa harangue par un ruisseau de larmes, en assurant que si Andronic se mariait, elle en tomberait malade. Le père accabla son fils de reproches et le menaça de sa bénédiction, puis il courut chez l’évêque qui le protégeait. L’évêque eut une conférence avec le marquis*** et, un matin, le curé reçut l’ordre de renvoyer sa nièce à Florence.

— Hélas, disait Fioralise en pleurant, vous voyez bien que je n’avais pas tort d’accepter deux amoureux à la fois, puisqu’il ne me reste pas seulement de quoi faire un mari.

Elle retourna chez sa mère. Un jour, une vieille comtesse vint, par hasard, marchander un meuble chez la tapissière et conçut de l’amitié pour ces bonnes gens. La beauté, les manières aimables de la jeune fille lui plurent et elle la prit pour demoiselle de compagnie, en promettant de lui donner une pension. Fioralise ne savait que lire et écrire, mais comme la comtesse n’en savait pas davantage, on pensa que c’était assez d’instruction. Le sort de cette pauvre fille paraissait assuré, lorsqu’un malheur imprévu vint encore l’accabler. Soit que les valets aient voulu perdre la demoiselle de compagnie, soit que le démon ait profité de l’éblouissement du luxe pour la séduire, elle fut menacée d’un procès criminel. La comtesse perdit des boucles d’oreilles en diamant ; on fit une perquisition dans la chambre des domestiques et les diamants se retrouvèrent parmi les effets de Fioralise. L’intendant de la maison montrait une