Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/313

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le récit du combat, le dénouement de la tragédie.

— Ne vous ai-je pas raconté cette scène terrible ?

— Pas en entier. Lequel des deux héros a tué l’autre ? Comment a fini la bataille ?

— Comme je vous l’ai dit : ils se sont séparés, laissant la foule glacée d’horreur et d’épouvante.

— Quoi ! Ils ne se sont pas assommés ?

— Non, par la grâce de Dieu.

— Alors, permettez-moi de trouver quelque différence entre votre histoire et celle de la guerre de Troie, car le fils de Pélée a tué celui de Priam.

M. V… partit d’un éclat de rire homérique, au grand scandale de la compagnie.

— A présent, dis-je, racontez-nous, en deux mots, ce qu’est devenue Fioralise.

Le père de Matteo, qui s’appelait Lena, reprit enfin le narrateur, s’imaginait descendre du consul Popilius Loenas et, pour cette raison, il ne lui parut pas convenable de marier son fils avec une tapissière de Florence. Non seulement il refusa son consentement en termes fort durs, mais il écrivit encore au marquis*** pour le prier de faire en sorte que Fioralise fut renvoyée dans sa famille.

Andronic n’eut pas plus de bonheur. Son père, homme faible et stupide, avait épousé, en secondes noces, une femme méchante qui détestait cet enfant du premier lit. Comme la marâtre eût souhaité de voir ce fils mort, à plus forte raison ne voulait-elle pas qu’il se mariât. Quand le père lui demanda son avis, elle se mit à crier en disant que ce scélérat d’Andronic la ferait mourir de chagrin, qu’il ruinait le ménage par son appétit vorace, que la voisine,