Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/316

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Après avoir traversé la plus belle partie des Apennins, notre modeste voiturin arriva près des portes de Bologne au tocco, c’est-à-dire à une heure après midi. La division du jour, en Italie, offre tous les matins un nouveau problème à résoudre, où l’étranger perd son arithmétique. On ne compte pas par douze heures, mais par vingt-quatre ; de plus, la vingt-quatrième heure finit au coucher du soleil et comme le soleil ne se couche pas deux jours de suite au même instant, il en résulte une confusion dont on ne triomphe que par une habitude prise dès l’enfance. Si vous oubliez de regarder à votre montre lorsque l’Angelus annonce le passage d’un jour à l’autre, vous perdez la clef du calcul et vous ne savez plus quel nom donner aux heures. Pour moi, je confesse qu’au bout d’un an de séjour en Italie, je commençais à peine à me reconnaître dans cet imbroglio. Cependant, minuit et demi, qui ne varient pas, forment des jalons au moyen desquels on se guide approximativement. Il vous faudrait du papier, une plume et cinq minutes de travail, pour trouver que neuf heures du matin font quatorze heures et demie, ou quelque