Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/329

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tous les feux de l’amour et de la jalousie. Si on n’eût pas abrégé la vie de Dandolo en lui crevant les yeux, si la peste ne fut venue frapper le Titien à quatre-vingt-dix-neuf ans et si Marino Faliero n’eût point porté sa tête sur l’échafaud par imprudence, je crois, en vérité, qu’ils vivraient encore ; mais ce qui étonne plus que leur grand âge, c’est de voir ces vieillards conserver, jusqu’au dernier instant, leurs forces, leurs passions et leurs talents. Apparemment, l’existence même de Venise étant un prodige, la nature désorientée y manque à ses lois ordinaires.