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quelque digne directeur. La réponse de sainte Catherine de Sienne fut gracieuse, quand lui étant opposé, à raison de sa fréquente communion, que saint Augustin ne louait ni ne vitupérait de communier tous les jours : « Eh bien ! dit-elle, puisque saint Augustin ne le vitupère pas, je vous prie que vous ne le vitupériez pas non plus, et je me contenterai ».

Mais, Philothée, vous voyez que saint Augustin exhorte et conseille bien fort que l’on communie tous les dimanches ; faites le donc, tant qu’il vous sera possible. Puisque, comme je présuppose, vous n’avez nulle sorte d’affection du péché mortel, ni aucune affection au péché véniel, vous êtes en la vraie disposition que saint Augustin requiert, et encore plus excellente, parce que non seulement vous n’avez pas même l’affection du péché ; si que, quand votre père spirituel le trouverait bon, vous pourriez utilement communier encore plus souvent que tous les dimanches.

Plusieurs légitimes empêchements peuvent néanmoins vous arriver, non point de votre côté mais de la part de ceux avec lesquels vous vivez, qui donneraient occasion au sage conducteur de vous dire que vous ne communiiez pas si souvent. Par exemple, si vous êtes en quelque sorte de sujétion, et que ceux à qui vous devez de l’obéissance ou de la révérence soient si mal instruits ou si bizarres qu’ils s’inquiètent et troublent de vous voir si souvent communier, à l’aventure, toutes choses considérées, sera-t-il bon de condescendre en quelque sorte à leur infirmité, et ne communier que de quinze jours en quinze jours ; mais cela s’entend en cas qu’on ne puisse aucunement vaincre la difficulté. On ne peut