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pas bien arrêter ceci en général, il faut faire ce que le père spirituel dira ; bien que je puisse dire assurément que la plus grande distance des communions est celle de mois à mois, entre ceux qui veulent servir Dieu dévotement.

Si vous êtes bien prudente, il n’y a ni mère, ni femme, ni mari, ni père qui vous empêche de communier souvent : car, puisque le jour de votre communion, vous ne laisserez pas d’avoir le soin qui est convenable à votre condition, que vous en serez plus douce et plus gracieuse en leur endroit et que vous ne leur refuserez nulle sorte de devoirs, il n’y a pas de l’apparence qu’ils veuillent vous détourner de cet excercice, qui ne leur apportera aucune incommodité, sinon qu’ils fussent d’un esprit extrêmement coquilleux et déraisonnable ; en ce cas, comme j’ai dit, à l’aventure que votre directeur voudra que vous usiez de condescendance.

Il faut que je dise ce mot pour les gens mariés : Dieu trouvait mauvais en l’ancienne Loi que les créanciers fissent exaction de ce qu’on leur devait ès jours des fêtes, mais il ne trouva jamais mauvais que les débiteurs payassent et rendissent leurs devoirs à ceux qui les exigeaient. C’est chose indécente, bien que non pas grand péché, de solliciter le paiement du devoir nuptial le jour que l’on s’est communié, mais ce n’est pas chose malséante, ains plutôt méritoire de le payer. C’est pourquoi, pour la reddition de ce devoir-là, aucun ne doit être privé de la communion, si d’ailleurs sa dévotion le provoque à la désirer. Certes, en la primitive Église, les chrétiens communiaient tous les jours, quoiqu’ils fussent mariés et bénis de la génération des en-