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suis toute mienne, recevez-moi pour toute vôtre ; tirez-moi après vous ; nous courrons à l’odeur de vos onguents ».

L’exercice des vertus propres à la sainte veuve sont la parfaite modestie, le renoncement aux honneurs, aux rangs, aux assemblées, aux titres et à telles sortes de vanités ; le service des pauvres et des malades, la consolation des affligés, l’introduction des filles à la vie dévote, et de se rendre un parfait exemplaire de toutes vertus aux jeunes femmes. La netteté et la simplicité sont les deux ornements de leurs habits ; l’humilité et la charité, les deux ornements de leurs actions ; l’honnêteté et débonnaireté, les deux ornements de leur langage ; la modestie et la pudicité, l’ornement de leurs yeux ; et Jésus-Christ crucifié, l’unique amour de leur cœur.

Bref, la vraie veuve est en l’Église une petite violette de mars, qui répand une suavité nonpareille par l’odeur de sa dévotion, et se tient presque toujours cachée sous les larges feuilles de son abjection, et par sa couleur moins éclatante témoigne la mortification ; elle vient ès lieux frais et non cultivés, ne voulant être pressée de la conversation des mondains, pour mieux conserver la fraîcheur de son cœur contre toutes les chaleurs, que le désir des biens, des honneurs ou même des amours lui pourrait apporter. « Elle sera bienheureuse, dit le saint Apôtre, si elle persévère en cette sorte ».

J’aurais beaucoup d’autres choses à dire sur ce sujet ; mais j’aurai tout dit, quand j’aurai dit que la veuve, jalouse de l’honneur de sa condition, lise attentivement les belles épîtres que le grand saint Jérôme écrit à Furia et à Sal-