Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/108

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Le plus affreux peril, par elle est mesprisé,
Car rien ne l’espouvante, et tout luy semble aysé.
Wermond qui les commande, est un chasseur insigne,
Que d’un si grand employ, la troupe a jugé digne :
Hardy, laborieux, adroit, plein de vigueur,
Qui du chaud et du froid, mesprise la rigueur.
Ceux qui gelent au bord de la mer glaciale,
Se sentans eschauffez d’une ardeur martiale,
Sortant des longues nuits qu’on voit en leurs climasts,
Au desir de l’honneur laissent guider leurs pas.
Ils arrivent au camp, pleins d’espoir et d’audace,
Et la fronde à la main, par un bruit qui menace,
Ils font tout retentir, de ce bruit esclatant,
Et le lac est troublé, par ce qu’ils vont jettant.
Leur nombre est de vingt mille, et Sigar qui les meine,
Paroist esgalement, soldat et capitaine :
Il est brave et prudent, et parmy le danger,
Encore qu’il s’expose, il sçait se mesnager.
Des feroces Lapons, d’où le jour se recule,
Et des bords herissez, du grand marais de Lule,
Viennent tous glorieux des travaux qu’ils ont eûs,
Trente mille guerriers, estrangement vestus.
L’un de la peau d’un ours, fait toute sa parure ;
L’autre d’un grand sanglier, sur sa teste à la hure ;
L’un sous la peau d’un loup, paroist bizarrement ;
L’autre d’un grand vautour, fait tout son ornement ;
Un autre plus galant, est tout couvert d’hermines ;
Blanches comme la neige, et rares comme finnes ;