Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et la masse à la main, et d’un superbe pas,
Il fait voir que son cœur respire les combats.
Jameric les conduit, un vieillard à qui l’âge
Laisse encore la force, et l’ardeur du courage :
Jameric, vaillant chef, qui sous le poil grison,
Conserve la vigueur de la verte saison.
Les gents de Midelphar, et ceux d’Angermanie ;
Les habitans d’Upsale, et ceux de Nicopie ;
De Narve, de Castrolme, et de mille autres lieux,
Viennent tous pour servir leur prince glorieux.
Pres d’un camp si nombreux, les rivieres tarissent :
Jusques au pied des monts, les troupes s’eslargissent :
Tout campe, tout se loge, et de tous les costez,
Les chefs sont sous la tente, et les soldats huttez.
Comme on voit au printemps, les vistes herondelles,
Arriver en grand nombre, et planer sur leurs aisles ;
Ainsi de toutes parts, viennent les bataillons,
Qui de ces vastes champs, couvrent tous les sillons.
D’Alaric qui les voit, l’allegresse est extrême :
Il observe les rangs ; il les compte luy-mesme ;
Il parle à tous les chefs ; il flatte les soldats ;
Et leur dit que son cœur, attend tout de leurs bras.
Par des cris redoublez, le camp respond au prince :
Il luy dit qu’il est prest de quitter sa province :
Et frappant les boucliers de la pointe des dards,
Il dit tacitement, qu’il cherche les hazards.
Mais entre ces guerriers, il voit une guerriere,
Qui paroist à ses yeux aussi belle que fiere :