Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/111

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Alaric les admire, et leur fait ce discours.
Quels anges lumineux viennent à mon secours ?
Si le Tibre peut voir vos beautez souveraines,
Nous vaincrons les Romains, et les beautez romaines.
Il sous-rit à ces mots, et demande aux Lapons,
Qui sont ces deux amants, en attraits sans seconds ?
Seigneur (luy dit leur chef, ce vieillard venerable)
De ces jeunes amants, l’histoire est memorable :
Et quand vostre loisir pourra me l’endurer,
Je vous y feray voir, dequoy les admirer.
Il faut, respond le roy, sans tarder davantage,
Puis que ce haut sapin, nous preste son ombrage,
Et qu’assez de loisir, nous demeure aujourd’huy,
Que vous me parliez d’elle, aussi bien que de luy.
Alors pour escouter un peu plus à son aise,
Il se panche à demy, sur le fier Radagaise :
Et chacun par respect, voulant se reculer,
Il fait signe au vieillard, qu’il commence à parler.
Seigneur, dit Jameric, parmy nous dure encore,
La feste qu’on celebre en l’honneur du dieu Thore :
Thore que nous tenons pour le plus grand des dieux,
Et qui vit comme Frigge, avec Othon aux cieux.
Or un jour qu’on chommoit cette feste celebre,
(Jour malheureux pour nous, aussi bien que funebre)
Nos femmes en fureur, d’un esprit irrité,
Violerent le droit de l’hospitalité :
Et sans aucun sujet, leur brutale manie,
Fit que d’un estranger la trame fut finie :