Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/154

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La court de ce palais paroist majestueuse :
Car une galerie, et haute, et spacieuse,
A balustres dorez regne tout à l’entour,
Et l’on y voit voler, et les jeux, et l’amour.
Au milieu de la court, une rare fontaine,
Eslance le cristal, dont elle est tousjours plaine :
Et ces jects eslancez, retombent en bruyant,
Sur l’albastre moüillé, que leur eau va noyant.
De cent monstres marins, la bizarre figure,
Sur ce corps transparent, a placé la sculpture :
Et ce large bassin, en vase descouvert,
Pose sur un pilier d’un jaspe rouge et vert.
Au milieu du bassin, est une Nereïde,
Qui tache d’essuyer son poil tousjours humide :
Et qui semblant presser ce poil et long et beau,
En fait tousjours sortir de l’escume et de l’eau.
L’on voit douze Tritons soustenir la machine,
Qui semblent regarder cette nimphe marine :
Et qui par une conque, eslancent haut en l’air,
Mille et mille filets, d’un cristal pur et clair.
De marbre noir et blanc, cette court est pavée ;
Vers le corps de logis, elle est plus eslevée,
Et le porphyre dur, en balustres changé,
D’un feu sombre et luisant, s’y fait voir arrangé.
Mais du grand bastiment, la façade royale,
Efface tout le reste, et n’a rien qui l’esgale :
Elle charme les yeux ; elle estonne l’esprit ;
Et fait mesme trembler la main qui la descrit.
L’ordre corinthien