Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/165

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Comme ce grand heros parle de cette sorte,
A travers le cristal d’une superbe porte,
Il voit un cabinet, mais si fort esclatant,
Que le char du soleil à peine l’est autant.
Il entre, et dans un lieu si remply de merveilles,
Des arts industrieux il voit les doctes veilles :
Et la nature encor, presente à ses regards,
Ses prodiges meslez aux miracles des arts.
Des vases de cristal de grandeur excessive ;
Des arbres de coral d’une couleur tres-vive ;
De grands cabinets d’ambre, et pasle et transparent ;
De grands vaisseaux d’agathe à lustre different ;
Des cuvettes de jaspe, et d’autre pierre fine ;
Des coupes de ruby ; d’autres de cornaline ;
D’onice ; d’esmeraude ; et mille autres encor,
Où le travail efface, et les pierres et l’or.
Alaric estonné de tant de rares choses,
Et conduit par l’odeur des jasmins et des roses,
Par un autre escalier prend un autre chemin,
Et trouve en descendant un superbe jardin.
Un grand rondeau d’abord au centre d’un parterre,
Luy fait voir un dragon à qui l’on fait la guerre :
Et qui la teste haute au milieu du rondeau,
Eslance avec vigueur, non du sang, mais de l’eau.
Six pescheurs à l’entour en posture animée,
Y semblent d’une main à vaincre accoustumée,
Estre prests à lancer la cause de sa mort,
Mais le trident demeure, et c’est de l’eau qui sort.