Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/182

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Lors qu’il peut l’affermir il croit assez gagner :
Enfin il regne en paix s’il sçait l’art de regner.
Il regne donc sans gloire ainsi que sans courage,
(Repart Athalaric, que ce discours outrage)
Et mauvais politique il cherche à se tromper,
Car pour calmer le peuple il le faut occuper.
Si nous sommes vainqueurs, et que Rome soit prise,
La reyne aprouvera nostre haute entreprise :
C’est par l’evenement qu’on juge des desseins :
Et nostre sort enfin despendra de nos mains.
Le sort, respond Sigar, ne despend de personne :
Loin de subir des loix, c’est luy qui nous en donne :
Et c’est trop se commettre en un fait important,
D’abandonner au sort ce qui nous touche tant.
Le peril est certain ; la gloire est incertaine ;
L’un est un corps solide, et l’autre une ombre vaine ;
Et hazarder l’estat sur un si foible espoir,
C’est choquer la prudence ainsi que le devoir.
Nous ne hazardons rien, dit Haldan en colere,
Pourveu que nous fassions ce que nous devons faire :
Car je tiens pour certain, que le foible et le fort,
Font ainsi qu’il leur plaist, leur bon ou mauvais sort.
Ils le font en effet, ou par leur imprudence ;
Ou par le jugement qui conduit leur vaillance ;
Dit alors Jameric, et leur sort inesgal,
Despend de leur conduite, et d’agir bien ou mal.
La mort de nostre roy, si triste et si funeste,
Par le commencement nous fait juger du reste :