Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/187

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la represente en cét aymable estat ;
Il se la represente avec tout son esclat ;
Et l’idolastre amant baise presques les herbes,
Où la fiere beauté marqua ses pas superbes :
Et l’idolastre amant enchanté par les yeux,
Ne sort qu’en soupirant de ces aymables lieux.
De là, vers un canal à riche balustrade,
Sous une sombre allée il fait sa promenade :
Mais comme il se retourne, il voit venir à luy
La cause de ses feux comme de son ennuy.
Telle devoit paroistre aux forests de la Grece,
Dans l’isle de Delos la chaste chasseresse :
Telle en son noble orgueil devoit paroistre aux cieux,
La superbe moitié du souverain des dieux :
Et quelques grands attraits que leur donne la fable,
Cette feinte beauté cede à la veritable :
Tant cét adroit fantosme avoit bien imité,
De l’aymable princesse, et l’air, et la beauté.
Sa robe est de drap d’or, et par fleurs naturelles ;
Elles en ont l’esclat, mais l’art les fait plus belles :
Et leur diversité que range un docte choix,
La fait paroistre aux yeux, belle et riche à la fois.
De plumes et de fleurs ses tresses sont couvertes ;
Ces fleurs font un esmail parmy ces plumes vertes :
Et du milieu des deux pend une gaze d’or,
Qui flotte au gré du vent, et l’embellit encor.
A longs et larges plis, pend l’une et l’autre manche ;
Aupres de ses beaux bras l’albastre n’est point blanche ;
Et le crespe