Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/190

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Il mourra vostre esclave, et dans ce dernier jour,
On le verra finir avant que son amour.
Il ne vit plus qu’en vous, unique objet qu’il ayme ;
Et ce cœur transformé cesse d’estre luy-mesme :
Heureux, et trop heureux, si le vostre aujourd’huy,
A la mesme fortune, et change comme luy.
Heureux, et trop heureux, si partageant sa flâme,
Vous daignez recevoir, et mon sceptre, et mon ame :
Heureux, et trop heureux, si sans les desdaigner,
Vous souffrez que je serve en vous faisant regner.
Des sermens des amants, respond Amalasonthe,
L’on a dit que les dieux ne tenoient point de compte :
Et que leur bras armé d’un foudre dangereux,
Espargnoit de ses coups le parjure amoureux.
Mais ces injustes dieux, sont les dieux de la fable :
Le nostre est plus puissant, comme plus equitable :
Et si parmy ces bois vous voulez m’escouter,
Vous verrez qu’un perfide à tout à redouter ;
Que tous les elemens luy declarent la guerre ;
Qu’il a pour ennemis, et le ciel, et la terre ;
Que tout le persecute ; et qu’un crime si noir,
Ne trouve point d’azile ailleurs qu’au desespoir.
Je vay vous raconter une tragique histoire,
Digne, par son succès, d’eternelle memoire :
Et qui vous fera voir que le ciel irrité,
Punit severement une infidelité.
Alors sous des palmiers le conduit cette belle :
Elle s’y met à l’ombre, et ce prince aupres d’elle :