Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/251

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j’amasse,
La fable au sens caché ; l’emblesme industrieux ;
Les medalles encor des siecles les plus vieux ;
De longs traitez des vents, et de l’art du pilote ;
Et de livres divers j’ay remply cette grote.
Il n’est rien dans les arts que l’on n’y puisse voir :
Icy les plus sçavans trouveront à sçavoir :
Chacun y peut aprendre ; et d’une ame hardie,
Former le cercle entier de l’encyclopedie.
C’est-là mon seul plaisir, c’est-là mon seul thresor ;
C’est-là sans le flatter, ce qui vaut mieux que l’or.
Les princes et les roys n’ont rien qui les égale :
Ils adjoustent du lustre à la grandeur royale :
Ils soustiennent leur thrône aussi bien que leurs loix :
Et tous les roys sçavans sont au-dessus des roys.
Là l’hermite emporté d’un esprit prophetique,
De l’obscur advenir que Dieu luy communique,
Donne quelque lumiere à l’immortel heros,
Et finit son discours par ce dernier propos.
Un jour, un jour viendra, le ciel me le revelle,
Qu’une reyne des Goths, sçavante comme belle ;
Fera fleurir les arts ; aymera les beaux vers ;
Et portera sa gloire aux bouts de l’univers.
Mais il m’est deffendu d’en dire davantage :
Une autre mieux que moy vous fera son image :
Et vers Parthenopée, où l’honneur vous attend,
Sur ce sujet illustre on vous rendra content.
O reyne trop heureuse, et trop digne d’envie,
S’escria ce heros, venez-tost à la vie :
Et si