Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/252

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quelque aparence est en ces derniers mots,
Precipitez le temps pour la gloire des Goths.
Prince, luy dit le saint, retournez au rivage,
Et voyez vos vaisseaux eschapez de l’orage :
Voyez les garantis d’un naufrage aparent,
Et benissez tousjours celuy qui vous les rend.
A ces mots il luy monstre encor fort esloignée,
Sa flote de l’orage et des vents espargnée,
Qui vogue heureusement, et qui pour s’aprocher,
Tourne vers luy la proüe, et vient au grand rocher.
Comme l’on voit aux champs dans une vaste plaine,
Ces innocens troupeaux qui nous donnent la laine,
Blanchir tous les sillons ; marcher également ;
Et s’avancer tousjours d’un pareil mouvement.
Ainsi parmy les flots voit-on ces grands navires,
Avec leur blanche voile où soufflent les zephires,
S’avancer lentement, et d’un air mesuré,
Couvrir tous les sillons du grand champ azuré.
Alaric qui les voit en saute d’allegresse :
Il suit au mesme instant le desir qui le presse :
Il prend congé du saint ; et suivant son transport,
Il descend, ou plutost il vole vers le port.