Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/271

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Il est certains momens, et forts, et bien-heureux,
Où rien n’est impossible à des cœurs amoureux.
Il faut, il faut l’avoir, cette beauté charmante :
Car qui peut resister long-temps à son amante ?
Ce qu’une larme en vain aujourd’huy tentera,
Une seconde larme apres l’emportera.
Entre ces quatre advis, tout l’enfer se partage :
La foule des demons y donne son suffrage :
Car comme ils sont tous bons, on les accepte tous,
Et Lucifer reparle avec moins de courroux.
Esprits ingenieux, dit ce roy des tenebres,
Quittez, mais promptement, ces demeures funebres :
Et sortant sans tarder de nos palais ardents,
Allez executer des conseils si prudents.
Que l’un vole en Espagne, et l’autre en Italie,
Pour y ressusciter la gloire ensevelie :
Que l’autre dans la Grece aille porter l’effroy,
Par le nom d’Alaric, ce grand, et trop grand roy :
Et que l’autre dans Birch aille par son adresse,
Tascher de reünir l’amant et la maistresse :
Sortez, partez, volez, je l’ordonne demons :
Il y va de ma gloire, allez, et soyez prompts.
A ces mots il se leve, et ces demons s’avancent :
Le silence finit, et les cris recommencent :
Tout l’enfer retentit d’horribles hurlemens,
Et l’effroyable bruit croist à tous les momens.
Comme apres un grand calme, où la mer enragée,
Laissoit dormir ses flots aux rives de l’Aegée,