Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/273

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Ils bruslent les maisons ; et la pudicité
Ne sçauroit se sauver de leur brutalité.
C’est un torrent de fer, c’est un torrent de flâme,
Qu’on ne peut arrester que par une grande ame :
Et voulant l’empescher d’inonder nos remparts,
Il luy faut opposer vos piques et vos dards.
L’Espagnol genereux, oüy, l’Espagnol si brave,
Sera chargé de fers, en miserable esclave :
Un peuple si guerrier, souffrira, servira,
Sous un maistre insolent qui le mal-traitera.
Quoy ! Pourrez-vous avoir une telle foiblesse ?
Armez-vous, armez-vous, genereuse noblesse :
Mourons, mourons plutost pour le païs natal,
Que de subir le joug d’un peuple si brutal.
Sauvons donc nos autels, nos filles, et nos peres,
Nos biens, nos libertez, des armes estrangeres :
Et pour un tel sujet, signalant nos efforts,
Repoussons vaillamment ces monstres de nos bords.
Belzebuth à ces mots, inspire dans la place,
Aux uns de la frayeur ; aux autres de l’audace :
Il fait des enragez, des naturels boüillans,
Et des moins resolus, des timides vaillans.
L’on n’entend plus crier dans l’espagnole terre,
Qu’arme, arme, il faut combatre ; aux autres, guerre, guerre :
Et par l’art du demon, qui les sçait allarmer,
Desja, desja tout s’arme, ou tout court pour s’armer.
Ce bruit tumultueux, passe de ville en ville :
Quand un homme l’aprend, il le redit à mille :