Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/281

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blancheur ;
Et du plus beau printemps l’eternelle fraicheur.
Juge de leur effet ; juge de leur puissance ;
Vois quel est leur pouvoir, et celuy de l’absence ;
Et ne t’estonne point, si ne te voyant pas,
Alaric fait ceder ton charme à leurs apas.
Lors qu’il aura dompté la puissance romaine,
Tu le verras, ce roy, t’amener une reyne :
Et tu te trouveras, apres un tel retour,
Et rivale, et sujete, et la haine, et l’amour.
Oppose, oppose donc, pour vaincre ta rivale,
Et tes yeux à ses yeux ; et l’absence fatale :
Oüy, durant qu’Alaric en sera separé,
Va surprendre un esprit qui n’est point preparé :
L’absence te nuisit ; et l’absence de mesme,
Ne peut qu’estre nuisible à cét objet qu’il ayme.
Puis qu’elle a fait ton mal, qu’elle fasse ton bien :
Si tu vois Alaric, je ne craindray plus rien :
Tu le regagneras ; et s’il te voit paraistre,
Cét esclave eschappé reconnoistra son maistre :
R’entrera dans ses fers comme dans son devoir :
Et tu te reverras dans ton premier pouvoir.
Va donc, ma chere fille, où ta gloire t’apelle :
Va reprendre le cœur de ce prince infidelle :
Va chercher les moyens de finir ton ennuy :
Va dans les champs latins triompher comme luy.
Une tempeste gronde au rivage de Grece,
Qui fondant sur l’amant servira la maistresse :