Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tout retentir aux airs des environs,
Timbales et tambours, trompetes et clairons :
Et sur tous les vaisseaux brillent les fieres armes,
Redoutables esclairs, des foudres des allarmes.
Le roy dans un esquif pour animer ses gents,
Anime par sa voix six rameurs diligents :
Et va de bord en bord tout le long de la flote,
Inspirer quelque ardeur d’une valeur si haute.
Compagnons, leur dit-il, nous allons estre aux mains,
Avec quelque amiral, esclave des Romains :
Il vient avec des fers disputer la victoire :
Voicy le premier pas qui conduit à la gloire :
Nous cherchons ce chemin, il nous le vient tracer :
Rome est de ce costé, c’est là qu’il faut passer.
Nous vaincrons, nous vaincrons (dit à tous les navires,
Ce brave conquerant qui songe à des empires)
Et de tous les vaisseaux, par des cris hauts et longs,
On respond au heros, nous vaincrons, nous vaincrons.
Alors sans perdre temps en des paroles vaines,
Voyant bien resolus soldats et capitaines,
Il regagne son bord, où lors qu’il s’est remis,
Il fait sonner la charge, et vogue aux ennemis.
Sous des coups redoublez tremble toute la poupe,
Et la vague blanchit la rame qui la coupe :
Car l’escume en boüillonne, et le plus fort rameur,
En paroist hors d’haleine, et couvert de sueur.
Sous tant de grandes nefs, toute l’onde est cachée ;
Et Rigilde en enrage, en son ame faschée :