Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/289

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Car Belzebuth et luy, sont parmy ces vaisseaux,
Qui pour venir au roy fendent aussi les eaux.
Du fier Iberien ils redoublent l’audace ;
Font prendre le bouclier ; font prendre la cuirace ;
Le casque avec l’espée ; et de tous les soldats,
Excitent au combat, et le cœur, et le bras.
Comme on voit quelquesfois dans la verte prairie,
Sur le milieu du jour les taureaux en furie,
Courir la teste basse, et de divers costez,
Ne s’arrester jamais qu’ils ne se soient heurtez.
Ainsi voit-on alors dans l’humide campagne,
Et du party des Goths, et du party d’Espagne,
Voguer toutes les nefs, pres à pres, front à front,
Et se heurter enfin comme ces taureaux font.
Tout conserve son rang parmy ces nefs armées :
La terreur court et vole entre les deux armées :
Un silence profond suspend tous les esprits :
Mais un moment apres tout pousse de grands cris.
A ces cris l’on adjouste et mille et mille flesches,
Qui sur tous les vaisseaux font mille et mille bresches :
Tout l’air brille en ce lieu d’un fer estincelant,
Qui porte la frayeur, et la mort en volant :
Et cent et cent cailloux, qui volent pesle-mesle,
Font tomber en bruyant, leur dangereuse gresle :
Et desja par ces coups, l’on voit sur plus d’un bord,
Le desordre, l’horreur, et le sang, et la mort.
Comme on voit en esté, quand la recolte est belle,
Tomber confusément, javelle sur javelle :
Ainsi voit-