Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/290

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on alors tomber sur les vaisseaux,
Les soldats que la mort abat avec sa faulx.
Cependant tout s’avance ; et les nefs avancées,
Se heurtent de la proüe, et s’acrochent froissées :
Tout en bransle au tillac, qui plie et qui gemit,
Et de l’airain sonnant, le grand choq retentit.
Alors des fiers soldats les troupes occupées,
Opposent dards à dards ; font flamber leurs espées ;
Se couvrent des boucliers ; et courbant tout le corps,
En redoublent encor leurs terribles efforts.
Sous leurs coups redoublez les casques estincellent ;
Tels sous l’Aetna flambant, les Cyclopes martellent ;
Tout est frapé ; tout frape ; et l’on voit sous leurs pas,
Tomber confusément, testes, jambes, et bras.
L’un tombe renversé dans l’onde ensanglantée,
Atteint du coup mortel d’une pierre jettée :
L’autre pour n’y pas cheoir, par un coup hazardeux,
Embrasse un ennemy, mais ils tombent tous deux :
Et la mer engloutit par le poids de leurs armes,
Dans ses gouffres cachez, ces malheureux gendarmes.
Quelquesfois l’Espagnol reculle trop pressé,
Et le Goth à son tour est enfin repoussé :
Et bien que son grand roy soit plus vaillant qu’Hercule,
Tout balence long-temps ; tout avance et recule.
Comme on voit sur le sable, au bord des vastes mers,
Aller et revenir leurs flots tousjours amers :
Ainsi voit-on des Goths, et des soldats d’Ibere,
Le succés favorable, et le succés contraire :