Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/310

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Et disant que celuy pour qui nous pleurons tous,
A possedé l’honneur d’estre estimé de vous ;
De vous, dis-je, seigneur, que l’univers admire,
J’auray sans doute dit, plus que l’on ne peut dire.
Vostre clair jugement ne peut estre abusé :
Et puis qu’Athalaric par vous fut tant prisé ;
Puis que de sa valeur vous rendez tesmoignage ;
Tout le monde, seigneur, n’en veut pas davantage ;
On vous croit ; on le croit digne d’estre loüé,
Et je ne craindray pas d’estre desavoüé.
Cette morne tristesse aussi tendre que juste,
Que l’on voit dans vos yeux, et sur ce front auguste,
Est un panegyrique, et grand, et glorieux,
Pour cét illustre mort, prince victorieux.
Vous l’avez veu vous mesme au milieu des batailles ;
Vous sçavez si son bras y fit des funerailles ;
Et s’il imita bien vostre rare valeur,
Au milieu des combats par sa noble chaleur.
C’est à vous à le dire, et non pas à l’entendre ;
C’est de vous seulement que nous devons l’aprendre ;
De vous qui sans paslir à l’aspect du trespas,
L’avez veu tant de fois accompagner vos pas.
Mais sans tirer de loin des preuves plus certaines,
Qu’il tenoit un haut rang entre vos capitaines ;
Et pour voir si son cœur fut presques sans esgal,
Il ne faut que le voir dans le combat naval.
Cent et cent ennemis que la colere anime,
Sautent dans le vaisseau du guerrier magnanime,