Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/312

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Et ce devot prelat souhaite le repos,
Et la paix eternelle à l’immortel heros.
Alaric se retire, et tous les gents de guerre,
Sans traisner leurs drapeaux, ny leurs armes par terre,
Retournent à leur camp, où le fort Sigeric
Prend la charge du mort par l’ordre d’Alaric.
Apres, diligemment, le plus sage des princes,
Nomme des gouverneurs dans toutes les provinces :
Establit son pouvoir ; dresse le plan d’un fort ;
Ordonne à ses vaisseaux de l’attendre en ce port ;
Fait descamper l’armée ; et marche en diligence,
Du rivage d’Espagne aux frontieres de France :
Apres que sur un pont, formé par des bateaux,
De ces bords de Calis, où sont tous ses vaisseaux,
Il eut veu la fertile et belle Andalousie,
Comparable en chevaux à l’antique Mysie.
De là sans s’arrester, et sans perdre un moment,
A bataillons pressez, et marchant promptement,
Alaric fait briller ses armes fortunées,
Sur les affreux sommets des hauts monts Pirenées :
Espouventables monts ; grands et fermes ramparts,
Que ce camp si nombreux, couvre de toutes parts.
Les Goths voyant de là les françoises campagnes,
Tels que fleuves enflez tombent de ces montagnes :
Couvrent les champs voisins ; et par leurs grands exploits,
La Gaule narbonnoise est soumise à leurs loix.
Apres sans s’arrester, le roy des Goths s’avance,
Vers les beaux orangers de l’aimable Provence :