Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/318

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Et font trembler les bois par leur rugissement,
Tous autres animaux ont de l’estonnement.
Ainsi des deux guerriers la fureur animée,
Suspend pour quelque temps, et l’une et l’autre armée :
Toutes les deux font alte ; et les fiers combatans,
Dans ce fameux duel ne perdent point de temps.
Alaric le premier fait tomber sur la poudre,
D’un redoutable coup qui vaut un coup de foudre,
La moitié du bouclier de ce fameux Romain,
Qui sent en chancelant ce que pese sa main.
Stylicon qui du Goth voit l’attente trompée,
Sur la teste du roy fait tomber son espée :
Le casque en estincelle ; et le coup furieux,
Fait courber à demy ce front si glorieux.
Mais l’immortel heros, d’un sabre qui menace,
Redouble, frape encore, et fauce la cuirace :
Le sang en rejalit ; et sur le fer brillant,
Il fume tout vermeil, et coule tout boüillant.
Le Romain qui le voit, s’en despite ; en enrage ;
Et perdant tout ce sang sans perdre le courage,
Sur le bouclier du prince il descharge à son tour,
Un coup qui retentit aux rochers d’alentour.
Mais la trempe est trop bonne, et ce coup inutile,
En attire encor un de la main d’un achile,
Qui l’auroit abattu, si Stylicon d’un saut,
N’eust fait servir l’adresse où la force deffaut.
On le presse ; il recule ; et reculant il porte :
Son cœur n’est pas moins fort, si sa main est moins forte :
Et l’interest