Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/354

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Les gents de Midelphar se retranchent apres,
A la porte d’Ostie, et la serrent de prés.
Ceux de Narve sont mis à la Coelimontane :
Ceux d’Upsale campez contre la Vaticane :
Et ceux de Nicoping eslevent un grand fort,
Avec ceux de Castrolme à la porte du port.
Mais le grand Alaric, que nul guerrier n’esgale,
Par un heureux presage est à la triomphale :
Et cét illustre nom luy fait bien esperer,
De ces nobles travaux qu’il est prest d’endurer.
Alors faisant agir les gents d’Angermanie,
Qui joignent à la force une adresse infinie,
Il leur fait eslever un haut retranchement,
Qui de tous les costez couvre son logement.
En enfermant la ville, il s’enferme luy-mesme :
Ainsi que sa valeur, sa prudence est extrême :
Comme il songe à l’attaque, il songe à se couvrir :
Ordonne la tranchée, et puis la fait ouvrir.
Aux plus foibles soldats il donne du courage :
Des yeux et de la voix il avance l’ouvrage :
Il est l’ame du camp, et par son grand pouvoir,
Tout ainsi qu’il luy plaist luy seul le fait mouvoir.
Comme on voit dans un corps cét esprit qui l’anime,
Par une authorité puissante et legitime,
Faire agir à son gré les merveilleux ressorts,
Qui donnent mouvement aux membres de ce corps.
Tout de mesme Alaric dispose de l’armée :
La trouve obeïssante à son accoustumée :