Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/357

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Il l’esveille, il luy parle, et pour le decevoir,
Sous l’aspect d’un parent le sorcier se fait voir.
Tu dors, tu dors, dit-il, ô rival de Valere,
Au lieu de t’animer d’une noble colere :
Et le tien cependant plus diligent que toy,
Va meriter ta reyne en combatant un roy.
Valere va sortir, je l’ay veu sous les armes :
Mais si pour toy l’amour et l’honneur ont des charmes,
Partage le peril qu’il va courre aujourd’huy,
Et pour le partager, sors aussi bien que luy.
Pour disputer Probé, dispute la victoire,
S’il revient triomphant, reviens couvert de gloire :
Donne sur un quartier, comme il y va donner,
Sors, combas, sois vainqueur, et fais toy couronner.
Comme on voit la matiere à s’enflâmer aysée,
S’eschauffer, s’allumer, et paroistre embrasée :
Telle de ce guerrier la boüillante valeur,
En cette occasion esclate avec chaleur.
Il se leve, il s’avance, il fait ouvrir les portes :
Et suivy fierement de ses braves cohortes,
Je vay suivre, dit-il, vos advis genereux,
Et paroistre vaillant aussi bien qu’amoureux.
Alors sans plus tarder, dans une heure si sombre,
Il marche enveloppé de l’espaisseur de l’ombre :
Et couvert comme il l’est par cette obscure nuit,
Il vole vers le camp, sans desordre et sans bruit.
Cependant son rival, qu’un mesme feu devore,
Marche aussi bien qu’il marche, et va plus viste encore :