Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/358

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Surprend la sentinelle, et fond comme à grands flots,
Sur le brave Canut dans le quartier des Goths.
Il attaque, il combat, il renverse, il foudroye :
Dans les bras du sommeil, la mort trouve sa proye :
Il passe comme un feu qui va tout devorant :
Et le Goth endormy se resveille en mourant.
Le desordre s’accroist comme le bruit s’augmente :
L’alarme et la frayeur passent de tente en tente :
Volent subitement de quartier en quartier :
Et le confus tumulte est dans le camp entier.
Pavillons renversez, huttes boule-versées ;
Bataillons mal formez, et troupes dispersées ;
Sont les affreux objets que la sombre clarté,
Fait voir confusément au soldat escarté.
Mais bien qu’en ce combat soit la fleur d’Italie,
Le genereux Canut, fait ferme ; se ralie ;
Arreste les fuyars que la peur fait courir ;
Et paroist resolu de vaincre ou de mourir.
Icy Birger tresbuche ; icy Flave succombe ;
Icy meurt Olaus ; icy Maxence tombe ;
Et par les grands efforts de leurs vaillantes mains,
Meurent confusément les Goths et les Romains.
La nuit couvre à la fois, sous ses noires tenebres,
Et mille beaux exploits, et mille objets funebres :
Mais dans l’obscurité brille de temps en temps,
Avec un bruit affreux le fer des combatans.
Trois fois les braves Goths repoussent les cohortes,
Et trois fois à leur tour elles sont les plus fortes :