Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/360

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Les vainqueurs sont vaincus, tout fuit avec effroy ;
Et jusqu’au pied des murs les suit ce vaillant roy.
Mais comme il fait sentir la grandeur de son ame,
Il voit tout le quartier de Sigeric en flame :
Et plus prompt que ce feu, ce brave conquerant,
Va d’un quartier à l’autre, et s’y porte en courant.
Tiburse cependant, frappe, heurte, renverse ;
Attaque, et fait plier tout ce qui le traverse :
Et des feux allumez prenant quelques tisons,
En brusle des soldats les mobiles maisons.
D’abord cette matiere encor mal allumée,
Semble augmenter la nuit avecques la fumée :
Mais un moment apres, une affreuse splendeur,
De cét embrazement fait mieux voir la grandeur.
Au milieu de ces feux brillent toutes les armes :
Mille cris differens augmentent ces vacarmes :
Chaque coup que l’on donne aussi-tost est rendu :
Et le sang à la flâme alors est confondu.
Le Goth et le Romain, d’une valeur esgale,
Font balancer entr’eux une palme fatale :
Et dans le nouveau jour que fait l’embrazement,
Front à front, main à main, tout combat vaillamment.
Tu le sentis Adolphe, à qui les destinées
Firent voir en ce lieu la fin de tes années :
Tu le sentis Valens, et mille autres guerriers,
Se virent accablez de funestes lauriers.
L’on vit assez long-temps la fortune incertaine,
Entre l’ardeur gothique, et la valeur romaine :
Mais le grand Alaric