Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/378

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Et de ne point cesser d’attaquer le Romain,
Qu’il ne l’ait abatu sous sa vaillante main.
Or pendant que ce prince a l’ame si remplie
Et de ses hauts projets, et de meslancolie,
Rigilde et les demons, excitent leurs soldats,
Par un nouvel espoir, à de nouveaux combats.
Invincibles guerriers, race du grand Romule,
(Leur dit cét enchanteur venu des bords de Thule)
Déja plus d’une fois, nous avons fait sentir,
Au temeraire Goth, un cuisant repentir.
De ces premiers succés, tirons un bon presage :
Et pour en profiter, mettons tout en usage :
Qui sçait bien commencer, sçait encor mieux finir :
Et tousjours le present, fait prevoir l’advenir.
Pour affermir la paix, soûtenons cette guerre :
Monstrons nous dignes fils, des maistres de la terre :
Nous aurons glorieux, le sort le plus fatal :
C’est vivre que mourir pour le païs natal :
Par une illustre mort, s’immortalise l’homme :
Enfin n’oublions pas, que nous deffendons Rome :
Rome que tout craignit ; Rome qui vit cent fois,
Ses ordres reverez des peuples et des rois.
Par ces mots, les Romains excitez à la gloire,
Pensent déja gagner victoire sur victoire :
Et leur noble fierté, qu’anime ce propos,
Croit déja voir la fuite, et la perte des Goths.
Mais pendant qu’en ces lieux la fortune incertaine,
Entre l’ardeur vandale, et la valeur romaine,