Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/388

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Si bien que dans le choix de l’un ou l’autre sort,
Je ne puis balancer cette honte et la mort.
Adjoustez à cela (dit Canut qui l’escoute)
Qu’on doit craindre la fuite, et non ce qu’on redoute :
La prudence excessive, en ce lieu va péchant :
Car le moyen de fuir du levant au couchant ?
En effet, dit Wermond, nos tristes destinées,
Sous les Alpes enfin, ou sur les Pyrenées,
Nous feront tous perir, et ne demeurant pas,
Les Grecs et les Romains nous suivront pas à pas.
De plus, reprend Sigar, tout le peuple d’Espagne,
Qui sçaura les Romains et les Grecs en campagne,
Dans un soûlevement, brûlera nos vaisseaux,
Et nos vaisseaux brûlez, comment fendre les eaux ?
Je tiens, dit Jameric, que l’advis qu’on doit prendre,
Est de rester au camp, et de le bien deffendre :
Je ne voy de salut qu’en nos retranchemens :
Et dans ce grand peril, tels sont mes sentimens.
Mais, respond Sigeric, si l’on nous environne,
Que servira, sans pain, le conseil qu’on nous donne ?
La faim fera perir nos soldats affligez,
Et Rome nous verra d’assiegeans assiegez.
Pour esviter ce mal (dit Haldan qui s’irrite)
Si l’enceinte du camp nous semble trop petite,
Sortons, et par un cœur que la gloire soûtient,
Presentons la bataille, à l’ennemy qui vient.
Mais en la presentant (dit la belle Laponne)
Examinons un peu, si la chose est fort bonne :
Car en combattant prés, quand nous viendrons aux mains,