Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/389

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Nous aurons sur les bras, les Grecs et les Romains.
L’amazone a raison (dit le roy des vandales)
Et pour rendre au combat nos forces plus esgales,
Marchons, marchons guerriers, puis qu’il en est besoin :
Et combatons les Grecs, et moins forts, et plus loin.
Pour garder nostre camp, et conserver nos lignes,
Wermond déja fameux par cent exploits insignes,
Avec tous ses soldats, icy demeurera :
Il le faut, je le veux, et Wermond le fera.
Alors sans plus tarder, les troupes de Scythie,
Sortent de leurs ramparts, et regardent Ostie :
Marchent en fort bon ordre ; et tous les braves Goths,
Suivent allegrement leur immortel heros.
Comme lors que le feu retourne dans sa sphere,
Il s’esleve en montant, d’une course legere ;
Ainsi tous ces guerriers, marchent subitement,
Allant chercher la guerre, où fut leur element.
Mais durant qu’Alaric passe plus d’une plaine,
Le vaillant chef des Grecs souffre plus d’une peine :
Un sentiment jaloux, s’oppose à ses plaisirs ;
Trouble toute sa joye ; et confond ses desirs.
Au milieu de la gloire, il est encore à pleindre :
S’il a lieu d’esperer, il a sujet de craindre :
Le grand nom d’Alaric, l’empesche de dormir ;
Le tourmente en veillant ; et le force à gemir.
Eutrope mal-heureux, dit-il, que dois -tu faire,
Et par quel sentiment te peux-tu satisfaire ?