Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/434

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Fier aux peuples armez ; doux aux peuples soûmis ;
Et reveré de tous, jusqu’à ses ennemis.
Je le voy, je le voy par sa valeur vantée,
Faire trembler le Tibre, et l’aigle espouventée :
Et je voy Rome encore au bruit de ses exploits,
Croire voir Alaric une seconde fois.
Je voy, je voy desja, sous le bras d’un Hercule,
Le Danube, le Rhein, la rapide Vistule,
Trembler comme le Tibre, et plongeant sous leurs eaux,
Aller cacher leur honte au milieu des roseaux.
Je voy du fort Volgast tresbucher les murailles,
Sous un bras animé par le dieu des batailles :
Et le fleuve Suvein, apres cent maux souffers,
De la main du vainqueur prendre ses premiers fers.
Apres, poussant plus loin sa valeur infinie,
Je le voy triompher de la Pomeranie :
Vollin, Camin, Stetin, en recevoir la loy ;
Et leur duc Bogislaus aux pieds de ce grand roy.
En suite vers Stagart, je luy voy tourner teste ;
Augmenter de ce fort, son illustre conqueste ;
Et par l’adroit mineur faisant sauter sa tour,
Imprimer de la crainte aux villes d’alentour.
De là, poussant plus loin les guerrieres alarmes,
Dambgarten et Rubnis, tomberont sous ses armes :
Et par une escalade emportant ce dernier,
Son brave gouverneur sera fait prisonnier.
En suite un chef romain, qu’on nommera Savelle,
Osant luy disputer une palme si belle,
Il deffera sa troupe, et