Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/442

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combatre au premier rang ;
Mais tout couvert de gloire aussi bien que de sang.
Au camp de Norimberg, je voy cét autre Alcide,
Enfermer de Walstein la puissance timide :
Et je voy Torstenson, chef brave et plein de cœur,
Servir utilement son monarque vainqueur.
Des hauts murs de Strasbourg, je voy courber l’audace ;
Flechir devant ce prince ; en obtenir sa grace ;
Implorer sa clemence ; exciter sa pitié ;
Et n’avoir de salut que dans son amitié.
Je voy Prague en un mot, et toute la Boheme,
Luy ceder au seul bruit de sa valeur extreme :
Et de mille citez, je voy l’orgueil à bas,
Par l’effort sans pareil de ce dieu des combats.
Oüy prince, souviens-toy que je te dis à Cumes,
Que l’aigle, peu s’en faut, perdra toutes ses plumes :
Que l’empire esbranlé sera tout prest à cheoir :
Que Rome tremblera, de crainte de le voir :
Et que ce conquerant, ce foudre de la guerre,
Quand Rome aura tremblé, fera trembler la terre.
Mais lors que ce monarque achevant son destin,
Sera comblé d’honneur, et chargé de butin,
On le verra passer, triomphant, plein de gloire,
Dans les bras de la mort, des bras de la victoire :
Et le monde entendra la renommée en deüil,
Chanter en mesme temps, son char et son cercueil.
Dans les champs de Lutz en son ardeur eschauffée,
Trouvera son tombeau ; mais sous un grand trophée :