Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/443

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il mourra glorieux, de noble sang noyé,
Comme un foudre s’esteint quand il a foudroyé :
Et triomphant alors de l’aigle et de l’envie,
La grandeur de sa mort esgalera sa vie :
Et par le grand esclat d’un renom immortel,
Son superbe tombeau deviendra son autel.
Mille et mille lauriers sur son illustre cendre,
Germeront du beau sang qu’on luy fera respandre :
Les vivants par un mort seront encor battus,
Et ce prince vaincra lors qu’il ne sera plus.
Un camp, un camp entier, estonnant par le nombre,
Deviendra l’hecatombe offerte à sa grande ombre :
Et cent et cent boucliers, et cent et cent drapeaux,
Pendront tout à l’entour du plus grand des tombeaux :
Et les fameux débris d’une puissante armée,
Porteront jusqu’au ciel sa haute renommée ;
Porteront son grand nom aux bouts de l’univers ;
Et le feront chanter dans mille et mille vers.
Les siecles parleront d’un monarque si brave :
Le temps espargnera la gloire de Gustave :
Luy qui devore tout sauvera son renom :
Et l’obscur advenir verra briller son nom.
Mais apres cette mort esclatante et celebre,
La suite des progrés n’aura rien de funebre :
Son destin invincible, apres luy durera :
Et sa bonne fortune encor triomphera.
Une fille, ô prodige ! Apres cette disgrace,
Occupera son thrône, et remplira sa place :