Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/459

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retourne aux ramparts,
Qu’on dit estre fondez par le grand fils de Mars.
De tout le campement de la nombreuse armée,
Wermond ne voit plus rien que cendre et que fumée :
Et ne pouvant tenir ses desplaisirs secrets,
L’infortuné qu’il est, pousse mille regrets.
Ha malheureux, dit-il, quelle est ta destinée,
Et quelle ta fortune à te nuire obstinée ?
Quel compte de son camp pourras-tu rendre au roy,
Qu’il commit à tes soins, qu’il commit à ta foy ?
Comment pourras-tu voir ce vainqueur de la terre,
Apres avoir perdu ses machines de guerre ?
Apres avoir destruit par tes soins negligens,
L’espoir des longs travaux de tant de braves gens ?
Cache-toy, cache-toy, lasche que l’on surmonte :
Ou pour mieux faire meurs, de regret et de honte :
Mais l’interest du roy dans cette occasion,
Doit pourtant l’emporter sur ta confusion.
Il faut l’instruire enfin de la perte advenuë ;
Il faut qu’à ce grand roy ta faute soit connuë ;
Et qu’un prompt messager volle pour l’advertir,
Qu’il fit un mauvais choix quand on le vid partir.
Il le dit, il le fait ; et le courrier fidelle,
Porte au grand Alaric la funeste nouvelle :
Qui la reçoit en prince, et ferme, et genereux,
Et qu’on voit tousjours grand, heureux, ou malheureux.
La fortune à beau faire, il faut qu’elle succombe,
Dit l’immortel heros, il faut que Rome tombe :