Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/470

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Il peut, s’il est vaillant, faire la son butin,
De toute la grandeur de l’empire latin :
En prendre la richesse ; en abatre les marques ;
Et mettre sous ses pieds l’orgueil de ses monarques :
Faire voller au vent, pour en vanger les cieux,
Les cendres des consuls, et celles de leurs dieux :
De temples démolis, s’eriger un trophée,
Sur la gloire de Rome à ses pieds estouffée :
Vaincre tous les Romains ; leur imposer des loix ;
Et triompher enfin de ces maistres des rois.
Mais genereux soldats, espargnez les eglises :
Gardez de violler les droits de leurs franchises :
Qu’elles soient un azyle à l’enfant innocent ;
A la vierge pudique ; au vieillard languissant.
Gardez-vous d’attirer la colere celeste :
Espargnez ces lieux saints, j’abandonne le reste.
Allons, mes compagnons, allons donc à l’assaut ;
Montons au Capitole, et triomphons plus haut :
Et sur ce lieu fameux que la gloire environne,
Allons prendre aujourd’huy l’immortelle couronne.
Le camp à ce discours tesmoigne son plaisir ;
Fait esclater l’ardeur de son noble desir ;
En frape ses boucliers ; et le soldat envoye
Jusqu’aux murs des Romains, cent et cent cris de joye.
L’amazone des Goths, et celle des Lapons,
Veulent en ce grand jour eterniser leurs noms :
Et tous les braves chefs avec le mesme zele,
Aspirent à gagner la palme la plus belle.