Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/471

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Le roy pour profiter de ce beau mouvement,
Fait descendre le feu dans l’obscur logement :
Et peu de temps apres cette puissante armée,
Voit sortir à grands flots une espaisse fumée.
Un bruit sourd et confus, la devance et la suit,
Et la flâme à son tour esclate apres ce bruit :
Tout le monde en suspends ne sçait ce qu’il doit croire ;
Lors qu’entre la fumée effroyablement noire,
L’on voit crouler la tour du faiste au fondement,
Et mesler sa poussiere à cét embrazement.
A cét objet affreux le vainqueur de la Grece,
Sur son illustre front redouble l’allegresse :
Donnons, dit-il, donnons, genereux combatans ;
Rome, Rome est à nous, marchons, il en est temps.
Il monte, ce heros, le premier à la bresche ;
Aussi fier qu’un lion ; plus viste qu’une fleche ;
Et le foible Romain le regardant venir,
Fait ses derniers efforts ; veut noblement finir ;
Et s’enflamant le front d’une noble colere,
Fait ce que dit Tiburse, et ce que dit Valere.
Braves chefs, qui pour Rome, en ce fatal moment,
Ainsi qu’ils ont vescu vont mourir vaillamment :
Du moins leur volonté s’y voit determinée ;
Mais cette volonté n’est pas la destinée :
Et leur sort different en ce moment fatal,
Avec valeur esgale, est pourtant inesgal.
D’abord ces deux guerriers, quoy que pleins de foiblesse,
Arrestent quelque temps le heros qui les presse ;