Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/473

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mettent en bataille ; et marchent plus avant,
Avecques la terreur qu’ils font aller devant.
Le feu qui des maisons fait sa funeste proye,
N’eut jamais de tel jour depuis la nuit de Troye :
Et le flambeau fatal qui perdit Illion,
Semble estre ralumé dans cette occasion :
Car des palais tombez par la flâme allumée,
Volle confusément la poudre et la fumée :
Et le sang des Romains qui s’y mesle à grands flots,
Donne de la tendresse au cœur mesme des Goths.
Comme entre des rochers les ondes retenuës,
Font esclater un bruit qui monte jusqu’aux nuës ;
La flâme retenuë en ces palais destruits,
Esclate horriblement par mille estranges bruits.
Le soldat cependant, tout fier de sa victoire,
Pousse tousjours plus loin, et ses pas, et sa gloire :
Et tout brillant d’acier, et chargé de butin,
Il monte au Capitole ; il va sur l’Aventin.
Sur le mont Cœlius il estend son ravage :
Au haut du Janicule il porte son courage :
Du fameux Vatican il passe au Quirinal :
Du superbe Esquilin il monte au Viminal :
Et sur le Palatin, d’un bras fort et robuste,
Il fait alors tomber le grand palais d’Auguste.
Alors se souvenant de l’ordre de son roy ;
De l’ordre souverain qui luy tient lieu de loy ;
Il porte le flambeau dans les superbes thermes ;
Il destruit les plus beaux ; il abat les plus fermes ;