Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/109

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Ha si vous le pouvez vous n'êtes plus Ursace,

Et je souffre en cela ma dernière disgrâce ; [1805]

Car la perte du trône, et de la liberté,

Me sont moins que l'espoir que vous m'avez ôté.

Au milieu des malheurs, cette chère espérance,

Consolait mon esprit, soutenait ma constance,

Et mon coeur opposait, lorsqu'il voulait finir, [1810]

À son malheur présent, l'espoir de l'avenir.

Mais hélas aujourd'hui princesse infortunée,

Quitte Ursace et l'espoir, qui t'ont abandonnée ;

Quitte encore le jour, puisqu'on cesse d'aimer ;

Et rallume le feu qu'on te vit allumer. [1815]

À la mort, à la mort, Ursace est infidèle ;

Il fuit notre infortune, il est ennuyé d'elle ;

Il nous ôte son coeur, il se dérobe à nous ;

Notre sort est funeste, il en cherche un plus doux ;

Ne nous opposons point, à sa bonne fortune ; [1820]

Permettons lui d'éteindre un feu qui l'importune ;

Un feu qu'il appréhende, et qu'il juge fatal ;

Et souffrons qu'il s'en aille, à son pays natal.

Partez donc cher Ursace, abandonnez l'Afrique ;

Rendez un sénateur à notre république ; [1825]

Laissez mourir Eudoxe, en ce bord étranger ;

Il n'importe, partez, évitez le danger.

Vous le voulez ainsi, j'y consens, je vous cède ;

Mais dans le désespoir, qui mon âme possède,

Souvenez-vous Ursace, en me disant adieu, [1830]

Que vous laissez Eudoxe en ce funeste lieu :