Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/11

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Mais je crois que le sort dans ma peine éternelle

Me fit naître immortel, afin qu'elle fut telle ;

Car mon âme autrement aurait rompu ses fers, [85]

Pour s'exempter plutôt des maux qu'elle a souffert,

Olicharsis

Poursuivez.

Ursace

C'est ici qu'il faut que je retrace

Dedans mon souvenir, mon heure et ma disgrâce,

Et que par un mélange, et de bien et de mal,

Je montre les effets de mon astre inégal : [90]

Il m'éleva trop haut, pour n'avoir rien à craindre ;

Il m'a trop abaissé, pour souffrir sans me plaindre ;

Il me fit plus heureux que les rois ne le sont,

Et me fait plus souffrir que les damnés ne font :

Enfin je vis Eudoxe, et contre l'apparence, [95]

Quoi qu'un sceptre entre nous mit de la différence,

Que son rang, et le mien, n'eussent aucun rapport,

Il fallut obéir aux volontés du sort.

J'opposai la raison à sa force infinie ;

Je tacherai d'empêcher sa fière tyrannie ; [100]

Je combattis longtemps ce superbe vainqueur ;

Mais il se fallut rendre, et perdre enfin son cœur.

Olicharsis

Quoi, vous aimâtes donc Eudoxe ?