Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/114

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Ici fut commis notre crime,

Ici le remords légitime,

Le conduit à la mort, et m'y conduit aussi : [1865]

Mais ô faible allégeance !

Pour un crime si grand, c'est trop peu de vengeance ;

Un si juste courroux, ne s'éteint pas ainsi ;

C'est trop peu d'une mort, mourons cent fois ici.

Funeste objet, cendre adorable, [1870]

Dans la douleur incomparable,

Qui traverse mon âme, écoutez mes propos :

Hélas, quoiqu'insensible,

Témoignez à mon coeur, au moins s'il est possible,

Que vous voulez ma mort, pour me mettre en repos, [1875]

Et que votre urne serve, à mettre aussi mes os.

Ô discours sans raison, dont l'orgueil est insigne !

Je demande un honneur, dont je suis trop indigne :

Si le lâche assassin par son funeste abord,

Renverse la nature, et fait saigner un mort, [1880]

Indubitablement cette cendre à la vue,

D'un perfide meurtrier, serait encor émue.

Ha ne l'approche point, barbare sans pitié,

Qui ne connut jamais la parfaite amitié :

Laisse, laisse en repos, cette cendre fidèle ; [1885]

Tu ne merites pas, de mourir auprès d'elle ;

Garde-toi bien de mettre en un même tombeau,